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PRINTEMPS DES COUPS D’ÉTAT: la CEDEAO s’est montrée proactive au Bénin.

La CEDEAO s’est montrée proactive au Bénin. Sa force en attente, grippée depuis le putsch militaire au Niger, a été actionnée. L’aviation nigériane est intervenue, frappant des cibles à Cotonou, au Bénin.
Le putsch militaire du 7 décembre 2025 a donc été rapidement déjoué. Le pouvoir du président Patrice Talon est préservé, mais la bombe est loin d’être désamorcée.
Tout le monde a, en effet, applaudi l’élégance politique du président béninois. Respectant la limitation du mandat présidentiel à deux, il n’est pas candidat à sa réélection pour un troisième mandat.
Toutefois, avant de rendre le tablier, il a manœuvré pour miner le terrain à l’effet, est-il soupçonné, de continuer à tirer les ficelles afin de rester le maître du jeu. Après avoir désigné son dauphin pour lui succéder, Talon, s’appuyant sur sa majorité, a conduit des réformes qui cadenassent le jeu politique.
Ainsi, Les Démocrates, le principal parti d’opposition, a été déstabilisé. Non seulement le parti de l’ancien président Yayi Bony, est privé de candidat à la présidentielle du 12 avril 2026, mais ses listes de candidature, pour les élections locales du 11 janvier prochain, ont été écartées. Le parti a été sauvé aux législatives où la loi électorale impose un score minimum de 20% de suffrages dans toutes les circonscriptions électorales pour prétendre aux sièges de député.
De surcroît, le 15 novembre 2025, deux mois avant les élections législatives et locales couplées du 11 janvier et cinq mois avant l’élection présidentielle, le chef de l’État sortant a fait modifier la Constitution à l’Assemblée nationale.
Le mandat présidentiel passe du quinquennat au septennat. Un Sénat, appelé la Chambre des sages, voit le jour. Composé d’au moins 25 membres dont lui-même à la fin de son mandat, au nombre des anciens présidents de la république, il est au-dessus de l’Assemblée nationale.
Cerise sur le gâteau, cette réforme constitutionnelle prévoit la « Trêve politique ». C’est-à-dire que durant les six ans de mandat sur sept, l’opposition joue le jeu en se gardant d’actions contre le gouvernement. Et ce n’est que la dernière année qu’elle peut sortir de sa réserve.
Si la CEDEAO, en l’occurrence, s’est montrée prompte pour sauver le pouvoir Talon, en revendiquant l’article 25 (e) du Protocole de 1999 relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de réglement, de maintien de la paix et de sécurité, elle s’est comportée en syndicat des chefs d’État.
L’organisation sous-régionale ne s’est pas du tout montrée regardante sur l’article 2 de son Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance. Cet article indique que les lois électorales ne doivent pas être modifiées unilatéralement moins de six mois avant les élections.
Pourtant, Talon a violé cette disposition avec la complicité de ses pairs. Ces derniers traînent également les pieds en Guinée-Bissau où le 26 novembre 2025, sentant sa possible défaite, Umaro Sissoco Embalò, président sortant et candidat à sa succession, a orchestré un simulacre de coup d’État pour spolier l’opposant Fernando Dias da Costa, qui n’est pas compatible, de sa potentielle victoire à la présidentielle du 23 novembre.
Et c’est cette « défaillance dans la gouvernance », avec des « militaires utilisés pour truquer les élections et rester au pouvoir », qui explique, selon Paul Kagame, le printemps des coups d’État en Afrique de l’ouest. Le ver demeure dans le fruit.
F. M. Bally

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